Nous centrerons nos propos sur les violences des hommes envers les femmes qui concernent 90% des cas, mais évidemment l’inverse existe aussi.
En France 1 femme meurt tous les 2,5 jours sous les coups de son compagnon.
On compte 200 000 femmes (18-59 ans) victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime, mais seulement 16% ont porté plainte ! Dans 40% des cas les violences ont débuté ou ont été décuplées pendant une grossesse.
Les différents types de violence :
Psychologiques : propos méprisants, dénigrement, chantage, menaces de représailles, etc.
Verbales : hurlements, insultes, ordres, etc.
Physiques : coups de pied, de poing, griffures, morsures, coups avec des objets, brûlures, bousculades, tirer les cheveux, etc.
Economiques : interdiction de travailler, pas d’accès à l’argent du couple, confiscation de salaire, contrôle des dépenses du ménage, etc.
Sexuelles : sexualité contrainte, sévices sexuels, viols, pornographie, etc.
La dynamique d’emprise : c’est une prise de pouvoir, un contrôle des actes et des pensées d’un partenaire sur l’autre. On observe un mélange de tendresse, mots doux, cadeaux et de menaces, de laisser-aller et d’autorité susceptibles d’enclencher la culpabilité de la victime. Certains décrivent un cycle de la violence où alterneraient 4 phases : la montée en tension (pour un fait anodin), le passage à l’acte, les justifications (où souvent il culpabilise la victime), la lune de miel (où l’agresseur s’excuse, redevient le prince charmant, fait des promesses), les cycles augmenteraient en fréquence et en intensité avec le temps. Certaines situations sont particulièrement à risque de passage à l’acte : la grossesse et la séparation.
La dissociation traumatique : c’est un moyen de défense du cerveau de la victime contre une situation excessivement stressante, une sorte de disjoncteur, d’insensibilisation, les personnes sont sidérées, ont un sentiment d’irréalité, de dépersonnalisation, cet état peut perdurer des années et rend le monde gris ! C’est elle qui est responsable de l’amnésie des faits. On observe parfois des conduites dissociantes lors desquels les victimes se font mal (se cognent, se tapent, se brûlent, etc.) ou ont des conduites addictives (alcool, drogue, tabac à haute dose, troubles alimentaires, jeux d’argent, sexe à risque, etc.) pour re-disjoncter si la mémoire traumatique remonte. En l’absence de soins, il y a une forme d’accoutumance à la violence qui doit augmenter pour être dissociante.
La mémoire traumatique : c’est un encodage particulier au niveau du cerveau de la victime qui a enregistré les faits séparément des émotions. Ces souvenirs traumatiques ne demanderont qu’à émerger, sous forme de cauchemars, flash jusqu’à ce qu’un travail thérapeutique permette de relier le tout et de stocker le souvenir dans une mémoire autobiographique habituelle. Les circuits émotionnels se réparent et cela se voit en IRM fonctionnelle ! Avant cela, l’agresseur ayant été lui-même « intégré » dans la mémoire peut faire ressentir à la victime de la haine contre elle-même, de la culpabilité et de la honte.
L’agresseur : il est souvent lui-même une ancienne victime qui utilise la violence contre les autres pour se dissocier lui-même, il les instrumentalise ! Il n’est bien sûr pas responsable de son trauma ou de ses symptômes mais du choix de ses stratégies de survie !!! Il doit donc être stoppé dans ses actes par la Loi et dans l’idéal soigné. L’obligation de soin de l’agresseur (requise en général à partir de 3 jours d’ITT pour la victime ou en cas de circonstances aggravantes comme la menace, l’atteinte volontaire à la vie ou à l’intégrité de la personne, le viol) peut être une opportunité à condition qu’elle soit menée au bon endroit, une association appartenant à la FNACAV (Fédération Nationale des Associations et des Centres de prise en charge des Auteurs de Violences conjugales et familiales) .
Les soins médicaux à la victime : demander à votre médecin ou aux urgences un certificat médical descriptif où figurent vos dires au conditionnel, une description objective des lésions physiques et des retentissements fonctionnels et psychologiques, une détermination de l’ITT (Incapacité totale de Travail). L’ITT est une notion juridique reflétant le retentissement de l’agression dans les actes de la vie courante (manger, dormir, se laver, s’habiller, faire ses courses, se déplacer…), elle reflète le retentissement physique et psychique, à ne pas confondre avec l’arrêt de travail.
Les soins psychologiques à la victime : il est fort utile de recourir à l’aide de professionnels pour surmonter les traumatismes, à L’arbre de vie nous sommes formés à cela.
Le dépôt de plainte : il est indispensable, peut être fait dans n’importe quel commissariat, la plupart ont un personnel formé spécifiquement pour cela, le/la référent violences faites aux femmes. Préparez-le avant en replaçant bien les faits dans l’ordre…
Concrètement : ne pas rester isolée, prendre conseil auprès d’associations spécialisées, repérer les situations à risque, les facteurs déclenchants, informer les enfants sur la conduite à tenir (aller chez les voisins, téléphoner au 17, etc.), identifier une personne de confiance et convenir avec elle d’un mode de communication à utiliser en cas d’urgence, mettre à l’abri vos documents importants et les éléments de preuve des violences, préparer un sac de secours contenant les papiers d’identité, les documents personnels, des vêtements, de l’argent, le double des clefs… et le placer dans un endroit sûr, ouvrir un compte bancaire personnel à votre nom de naissance avec une adresse différente de celle du domicile conjugal.
Les numéros à connaitre : 3919 violence conjugale info (9h-22h 7j/7) ; viols femmes information SOS viols 0800 05 95 95 ; Collectif féministe contre le viol : 01-45-82-73-00 ; Bureau des victimes 0800 17 89 05 ; Mouvement français pour le planning familial : 0800 803 803 ; Fédération Nationale Solidarité Femmes : 01-40-33-80-90
Informations juridiques : CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles de Paris) : 01-44-52-19-20 ; Permanence d’avocat(e)s : 0820 20 34 28 les lundis, mardis et jeudis de 15h à 19h