Thyroïde
La thyroïde est une petite glande en forme de papillon, située à la base du cou et qui remplit un rôle de grand régulateur de tous les organes : régulation de la température, du poids, de l’humeur, de la vie sexuelle…
Cette glande est formée de groupe de cellules qu'on appelle des vésicules et qui sont traversées par des vaisseaux dans lesquels le sang transporte de l'iode. C'est le principal ingrédient utilisé par ces cellules avec la thyroglobuline pour fabriquer les hormones thyroïdiennes. Ces dernières T3 et T4 seront stockées là puis libérées dans la circulation sanguine dès que l'organisme en a besoin.
La thyroïde est donc régulée par le cerveau qui lui ordonne via d’autres hormones (TSH) secrétées par l’hypophyse d’en fabriquer plus ou moins.
Les dérèglements peuvent donc être liés à un problème au niveau de la thyroïde elle-même ou de la commande centrale (hypophyse et hypothalamus), ils entraineront un sur ou un sous régime général, ils peuvent avoir des origines génétiques, être liés à des carences en iode ou être induites par des toxiques (plomb, iode radioactif).
Quels examens pour explorer la thyroïde
Outre l’examen clinique réalisé par votre médecin, il sera utile de faire faire :
Une prise de sang qui dosera les taux de T3, T4 et TSH :
La TSH normale est située entre 0,3 et 5 µU/ml
Si la TSH est augmentée et les T3 et T4 basses vous êtes en hypothyroïdie
Si la TSH est basse et les taux de T3 et T4 élevés vous êtres en hyperthyroïdie
- Une recherche d’auto-anticorps anti-thyroïdiens (TPO et anticorps anti-récepteurs de la TSH, anticorps anti thyroglobuline) dans le sang
- Un écho-doppler du cou pourra apprécier l’état de la thyroïde, sa taille, la présence de nodules, la vascularisation
- Une cytoponction peut être également réalisée pour étudier la nature du tissu si le nodule mesure plus d’un centimètre (on prélève grâce à une aiguille très fine quelques cellules qu’on envoie en analyse) avant tout pour éliminer une nature cancéreuse
- Une scintigraphie thyroïdienne à l'iode 123 radioactif est un examen fonctionnel qui montre les zones plus ou moins actives et permet de distinguer un nodule hypersécrétant et un nodule « froid ».
- Le Scanner du cou avec injection de produit de contraste iodé est peu utilisé, sauf en préopératoire pour visualiser des goitres volumineux.
Quels problèmes
Goitres et nodules
Concernent 5% de la population. Sans que l’on sache pourquoi la thyroïde augmente de volume et l’on retrouve une protubérance à la base du cou (goitre) parfois bosselée (nodules le plus souvent bénins). Les goitres simples sont surveillés annuellement, le plus souvent la glande continue à fonctionner normalement. S’il devenait gênant il faudrait l’enlever chirurgicalement au moins en partie.
Les micro-nodules de moins d’1 cm sont surveillés simplement aussi.
Les autres nodules non secrétant sont des tumeurs bénignes inoffensives.
Les nodules toxiques eux produisent des hormones en excès et doivent être ôtés même s’ils sont aussi bénins.
Les nodules cancéreux sont rares (5% des nodules) mais doivent être supprimés.
- L’hypothyroïdie
- C’est quand la thyroïde ne fabrique pas assez d’hormones, le corps fonctionne alors au ralentit : les idées sont plus lentes, la concentration perturbée, la libido en berne, on se sent presque déprimé, en manque d’énergie, la fatigue gagne, même la parole est plus lente (90% des cas), le transit ralentit (constipation dans 60% des cas), on se sent frileux (90% des cas), on peut avoir des crampes, des douleurs musculaires, être pâle, avoir la peau sèche, perdre ses cheveux, avoir des ongles cassants, des fourmillements dans les membres, un syndrome du canal carpien apparait dans 6 cas sur 10, le cœur bat moins vite (95% des cas), on peut prendre du poids (60% des cas) malgré un appétit habituel, le visage peut être gonflé. Parfois aucun symptôme ne vient attirer l’attention.
- La cause la plus fréquente est la maladie de Hashimoto, c’est une hypothyroïdie auto-immune : le corps se met à produire des anticorps contre sa propre thyroïde, plus la maladie progresse et la quantité d'hormones diminue. La prise de sang dosera T4, T3, TSH, ainsi que les auto anticorps thyroïdiens (AC anti TPO et AC anti thyroglobuline)
- L'ablation de la thyroïde est une cause évidente d'hypothyroïdie.
- Certains médicaments peuvent dérégler la thyroïde, c’est le cas de la Cordarone ® ou des béta-bloquants (utilisés pour traiter les troubles du rythme cardiaque), de l’Interféron (qui sert entre autres à soigner les patients atteints d'hépatite C), du Lithium (utilisé dans le traitement des troubles de l’humeur), des antihistaminiques (utilisés contre les allergies).
- Les fluctuations des niveaux hormonaux lors de la grossesse ou la ménopause peuvent perturber la thyroïde
- Le traitement : il consiste à fournir une hormone de substitution dont la posologie sera adaptée en fonction de l'intensité des signes. Il s’agit du Levothyrox® (qui reproduit l’hormone T4). Pour trouver le dosage approprié, il faut parfois tâtonner. Le traitement est à prendre tous les matins à jeun toute la vie.
L’hyperthyroïdie
Dans ce cas au contraire la thyroïde fabrique trop d’hormones et le corps s’emballe : insomnie, diarrhée, fébrilité, tremblements (40% des cas), tachycardie (88% des cas), accélération de la respiration, nervosité, émotivité, excitation, perte de poids sans se priver (79% des cas), peau moite et hypersudation, soif excessive, parfois des yeux exorbités.
- La cause la plus fréquente est la maladie de Basedow (61%) : c’est une hyperthyroïdie auto-immune : le corps se met à produire des anticorps qui vont stimuler sa propre thyroïde, En plus des symptômes classiques, il y a souvent un goître et une atteinte des yeux : les globes oculaires semblent sortir de l'orbite, ce que l'on appelle une exophtalmie, un larmoiement, des picotements et une photophobie (la lumière fait mal aux yeux). Malgré le traitement une récidive est possible.
- On peut traiter cela de 3 façons qui vont dépendre de la cause identifiée d'hyperthyroïdie. - Dans le cas de la maladie de Basedow, le médecin prescrit au malade des antithyroïdiens de synthèse (L-thyroxine) qui bloquent la production d'hormones. Dans environ la moitié des cas, après quelques mois, la maladie a disparu d'elle-même. Les rechutes sont fréquentes. - L'iode radioactif détruit les nodules qui produisent l'hormone en excès (la thyroïde étant le seul organe qui utilise l’iode). On attendra 6 mois avant la survenue d’une grossesse. - L'ablation de la thyroïde peut également constituer une bonne solution mais le patient devra ensuite prendre des hormones de synthèse toute sa vie.
- La thyroïdite subaigüe est parfois appelée le rhume de la thyroïde, il s'agit d'une inflammation de la glande, peut-être virale. Le traitement est simple : cortisone ou anti-inflammatoires. Les thyroïdites disparaissent généralement en quelques jours à quelques semaines. Aucune séquelle n'est à déplorer.
- La thyroïdite du post partum (c’est une maladie sœur de la malade de Basedow), Après l'accouchement, la maman peut avoir une petite bouffée d'hyperthyroïdie, puis d’hypothyroïdie qui peut durer une année et que l’on substituera la durée nécessaire. Ensuite, tout rentre dans l'ordre.
- Les cancers de la thyroïde : il en existe plusieurs sortes.
- Le plus courant (95% des cas) est le cancer dit différencié (médullaire ou papillaire). Son évolution est lente et son pronostic est très bon : 85% de guérison totale.
- Le cancer indifférencié survient essentiellement chez les personnes âgées et il est beaucoup plus difficile à traiter, d’évolution rapide et invasive.
- Du fait de l’absence de symptômes, le diagnostic se fait souvent fortuitement sur une échographie ou une scintigraphie. C’est ensuite la cytoponction qui dira si le nodule est cancéreux ou non.
Le traitement : on enlève toute la thyroïde (thyroïdectomie totale), l’intervention dure 1h30 et l’hospitalisation dure 3 jours. L’incision est pratiquée horizontalement, pour suivre les plis du cou, dans un souci d'esthétique. Outre la thyroïde, il faut parfois retirer certains ganglions du cou.
Plus tard on effectue un traitement à l'iode radioactif 135 pour être certain que toutes les cellules ont bien été détruites. Ensuite le patient devra prendre toute sa vie des hormones de synthèse. Les suites sont le plus souvent simples, la voix pourra être éraillée pendant quelques jours mais revient vite à la normale. Quant à la cicatrice de quelques centimètres, elle est la plupart du temps très discrète.
Quels effets sur la fertilité
Tous les troubles thyroïdiens (hyper ou hypo) perturbent la libido donc le désir sexuel dans les 2 sexes.
L’hypothyroïdie et l’hyperthyroïdie peut entrainer :
- Chez la femme des troubles des règles (irrégulières, plus abondantes en hypo, moins abondantes en hyper), des troubles de l’ovulation, de la fécondation, de la nidation, des fausses couches, des problèmes pendant la grossesse (retard de croissance du bébé), prématurité.
- C’est pourquoi en AMP on souhaitera une TSH inférieure à 2,5 par précaution.
- Pour les femmes traitées pour une hypothyroïdie, la dose doit être augmentée au début de la grossesse. Puis le contrôle de la fonction thyroïdienne doit être effectué toutes les quatre à six semaines, afin d'ajuster si nécessaire si le traitement afin de maintenir un taux sanguin de TSH optimal (de 0,5 à 2,5 mU/l).
- Le traitement contre l’hyperthyroïdie doit aussi être poursuivi en cas de grossesse. Un contrôle de la fonction thyroïdienne de la mère, ainsi que la croissance du fœtus et de son rythme cardiaque doivent être effectués régulièrement.
- Chez l’homme une hypofertilité liée à des troubles de la spermatogenèse (gamètes moins mobiles, etc.) est observée